• Travailler avec une ATSEM

    Comme dans la relation avec les parents et celle avec les enfants, établir un bon partenariat avec son ATSEM est une question de positionnement. Et se prépare en amont de la rentrée.

    Établir une bonne relation de travail avec son ATSEM, basée sur la confiance et la coopération, nécessite de réfléchir à la question avant d'être en classe. Ni trop proche, ni trop distante, il faut trouver la bonne distance. En tant qu'enseignante responsable de la classe, on n’est ni sa copine, ni sa chef.  Il est donc nécessaire, surtout quand on débute, de réfléchir au type de fonctionnement idéal que l’on imagine, de se fixer des limites à ne pas franchir. Il faut être attentif à la place qu'on veut lui donner dans la classe.

    Tout cela se réfléchit et se prépare avant la rentrée. Tout d'abord, il faut se renseigner sur ce qu’on peut lui demander dans le cadre de son travail. Si ce cadre est bien connu et accepté par les 2 parties, on doit pouvoir avancer dans une bonne relation de coopération. L'objectif est d'être complémentaire.

     

    Se renseigner auprès du directeur ou de la directrice

    Quand on arrive dans une nouvelle école, il  est nécessaire, avant la réunion de pré-rentrée qui regroupe tous les enseignants, de rencontrer le ou la directeur-trice de l’école pour collecter des renseignements que les collègues de l'école ont déjà.

     A propose des ATSEMs, voici les questions que vous pouvez poser :

    - combien d'ATSEMs dans l'école et quelle est la répartition par classe. A-t-on une ATSEM par classe ou doit-on partager du temps d'ATSEM? Si oui, vérifier que c'est bien équitable. Demander aussi comment se gère l'absence d'une ATSEM. Dans mon école, priorité aux classes de PS. Si une ATSEM de PS est absente, c'est une ATSEM de GS qui vient la remplacer... Donc la maîtresse de GS se retrouve seule alors qu'elle a préparé tous ses ateliers ou qu'elle a une sortie scolaire...

    - horaires de travail des ATSEMs : quand arrivent-elles dans l'école, quand arrivent-elles en classe? Ont-elles des services de "porte" dans le cadre de Vigipirate? Quels jours, quelle heure? Ont-elles un temps de pause (matin, après-midi)? Ont-elles des RTT sur le temps scolaire (c'est le cas à Paris!)? Si oui, comment est-on informé des jours d'absence? Demander au directeur d'être bien informé pour ne pas se retrouver sans ATSEM le jour de visite d'un tuteur ou d'une inspection...

    A partir de ces questions, on doit arriver à connaître pour chaque jour de la semaine, le temps effectif passé par l'ATSEM dans la classe. Il est bien de noter sur l'emploi du temps de la classe, dans une autre couleur, celui de l'ATSEM. Par exemple, lundi, arrivée en classe à 9 heures car service de porte plus réception draps couchette... Pause de 10 heures à 10 heures15 (ne pas prévoir le passage aux toilettes à cette heure là...). Aide à la couchette des PS de 12h30 à 15 heures, nettoyage de la salle de motricité de 15 heures 45 à 16h15... soit, pour une journée de 6 heures de classe, 3 heures effectives en classe pour une ATSEM qui n'a pas chômé puisqu'elle a aussi assuré le repas des PS! Il peut y avoir aussi : période 1, formation tous les mardis matins...

    Avec cet exemple, vous conviendrez qu'il est difficile de faire l'emploi du temps de la classe sans connaître celui de son ATSEM! Pouvez-vous envisager de faire "Agir dans le monde" sans ATSEM avec des PS ou des MS en début d'année? C'est en connaissance de cause qu'il vous faudra défendre, en réunion de prérentrée avec vos collègues, vos horaires de salle de motricité!

    Toujours auprès de la direction, se renseigner sur ce qu'elles peuvent faire ou non. Souvent, en particulier dans les grandes villes, il existe une charte des ATSEMs. qui va par exemple préciser qu'il faut toujours un enseignant à la couchette, qu'elles n'ont pas le droit de monter sur un escabeau pour accrocher des dessins, qu'elles ne doivent jamais être seules avec un groupe d'enfants, qu'elles ne peuvent pas participer au service de récré, que le service de ménage doit se faire en dehors du temps scolaire... ou pendant! N'oubliez pas que le contrat de l'ATSEM est géré par la mairie qui est son responsable hiérarchique. Le directeur fait ce qu'il peut en essayant d'arrondir les angles...

     

    Echanger avec son ATSEM

    Une fois tout cela bien intégré, on demande à son ATSEM, -avant la rentrée-, la même chose. Et on regarde si cela concorde (si non, retour ensemble au bureau du directeur...). Avec elle, on fait le brouillon du fameux emploi du temps et on commence à discuter de ce qu'on va faire ensemble pendant son temps de présence en classe. "Le jeudi, c'est le seul jour où vous êtes avec moi en classe à 8h20, donc je vous propose qu'on mette à l'accueil un atelier peinture libre avec vous... " (Aïe,aïe,aïe¨...). Ou :  "vous serez responsable de l'atelier jeu de société pendant que je ferai de la remédiation en langage" (mais c'est la maîtresse qui choisit le jeu). Plus c'est clair, mieux c'est!

    Pour que cette collaboration fonctionne au mieux, il est important aussi de lui demander ce qu'elle aime faire avec les élèves. J'avais une ATSEM qui adorait conduire un atelier de graphisme dirigé. Elle savait encourager les élèves et était exigeante! Et heureuse de voire les progrès des MS surtout quand je valorisais son travail ("Merci Eléonore, regardez comme Lenny a progressé depuis le début de l'année!").

     

    Négocier avec son ATSEM

    "Denise, pendant la couchette, est-ce que vous pourriez commencer à coller les cahiers...?" . "Ah non, Isabelle, ça, ce n'est pas possible, on n'a pas de lumière...". Conseil de maîtres suivant, on parle de la possibilité d'acheter des petites lampes à utiliser une fois que tous les enfants sont endormis... Et on laisse le directeur gérer l'affaire tout en le soutenant : "On est obligé de faire le CSA et ça nous rend vraiment service si vous commencez à coller les photos des ateliers pendant la couchette...." Petit à petit, on y arrive!

    Autre piste : "les maîtresses installent le matin le matériel de gym, les ATSEMs le rangent à la fin de la matinée (donnant-donnant)... Ou encore : "je préfère que vous conduisiez les enfants aux toilettes plutôt que de ranger la peinture. On en refera cette après-midi".

    Il faut de la patience et de la ténacité mais on ne peut pas accepter un monde à l'envers où les ATSEMs font en classe des comptines pendant que les maîtres et maîtresses rangent le matériel!

     

    Expliquer à son ATSEM

    Chaque matin, 5 mn avant le début de la classe, expliquez le déroulement de la journée. Quel atelier vous lui demandez de diriger, quelle fonction à l'accueil, quel type de peinture à préparer... Pendant la classe, échangez avec elle autour des enfants: "va montrer ton dessin à Christiane. Christiane, regardez comme Léa a fait un beau bonhomme!". Ce regard partagé participe grandement à une ambiance sereine de classe!

    Ne pas hésiter à avoir des messages clairs : "Sylviane, je raccompagne les enfants en classe. Est-ce que vous pouvez ranger les ballons, s'il-vous-plaît? Benjamin et Yacine vont vous aider et reviendront avec vous. "  (Et pas tout seuls...)

    "Est-ce que vous pouvez vérifier chaque soir que les ateliers autonomes sont bien rangés?".

     

    Planifier ce que l'on peut demander à son ATSEM

    Collage des cahiers, matériel à découper, paquets à faire pour Noël ou la fête des mères... multiplié par 28 ou 30 enfants, cela demande du temps. Il faut que vous arriviez à anticiper si vous ne voulez pas vous retrouver à 10 heures du soir à découper 100 ronds pour votre atelier du lendemain...

    Préparez des modèles (un cahier avec l'ordre des feuilles à coller), des gabarits (taille exacte des ronds que vous voulez), instituez des rituels : "on lave les pots de peinture chaque jour, chaque fin de semaine... les petits pots de colle doivent être prêts tous les jours..." Rien de plus énervant pour l'enseignant d'attraper la panière avec les pots de colle et de la trouver vide... "Ah oui je les ai lavés hier soir, ils sont encore à sécher dans la salle des ATSEMs, je vais les chercher tout de suite..." Retour 20 mn plus tard... Si besoin, dressez une liste du matériel que vous voulez avoir toujours prêt et disponible toujours à la même place...

    Pendant un temps de regroupement, vous pouvez aussi lui demander de trier des productions, classer les gomettes... en silence!

     

    N'oubliez pas que tout dysfonctionnement peut se rattraper si on prend le temps de communiquer 2 à 2, dans le calme : "J'étais débordée période 1 et je vous ai laissé accueillir les parents le matin, mais maintenant, je vais le faire (si besoin, mon tuteur m'a demandé de le faire...)". Si nécessaire, en discuter à 3 avec le directeur ou directrice pour faire évoluer une situation dérangeante.

     

    Travailler avec une ATSEM peut vite devenir un véritable plaisir dès qu'on se complète et qu'on partage un regard bienveillant sur les enfants. Mais comme dans tout métier où l'on doit travailler avec quelqu'un qu'on ne choisit pas, cela demande du temps pour apprendre à se connaître et des efforts pour échanger et remédier aux situations dysfonctionnantes. Sans oublier des remerciements sincères sur l'aide apportée au quotidien.

    Et vous, quelles réflexions pouvez-vous apporter sur la relation enseignant-ATSEM?

     


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 9 Août 2018 à 11:16

    Bravo ! C'est clair, lucide, réaliste ! Et le tout avec humour (parfois celui du désespoir mais c'est bien, ça n'occulte pas le fait que les « boulets », ça existe !). Je partage immédiatement.

      • Jeudi 9 Août 2018 à 11:36

        Partage d'expérience, merci pour le partage FB ^^!

      • Guyard
        Samedi 18 Août 2018 à 13:20
        Désolée je ne partage pas votre point de vue....Je suis atsem et nous sommes proches avec mon enseignante
      • La petite
        Samedi 18 Août 2018 à 13:58
        Les boulets instits aussi ça existe....
    2
    Guyard
    Samedi 18 Août 2018 à 13:02
    Pourquoi ne peut on être amis? Je ne dis pas que c'est obligatoire mais c'est 1 collègue comme 1 autre ....Vous ne créez pas d'amitié avec vos collègues enseignants ? Le reste est très bien. Vous prenez en compte les difficultés de planning des atsem et son avis.
      • Lundi 27 Août 2018 à 12:24

        Bien sûr que l'on peut être ami.e.s! Comme on peut avoir des parents d'élèves amis! Mais dans le cadre de l'école, face aux autres adultes, on garde une attitude "professionnelle", qui pour moi, intègre une certaine distance.

    3
    Jean
    Samedi 18 Août 2018 à 14:07

    Bonjour,

    Je ne qualifierai pas le texte avec le mot "humour". Je suis bien désolée mais pour nous en tant qu'ATSEM c'est plutôt le mot "condescendant". 

    Bien sûr que l'amitié peut exister et créer une dynamique superbe dans une classe. Et je sais de quoi je parle car avec ma collègue (et je ne suis pas la seule dans ce cas dans notre école) nous nous voyons en dehors, nos enfants sont amis... Et pas qu'avec mon binôme d'ailleurs mais avec d'autres PE. 

    Nous sommes une véritable équipe, et nous y allons avec le sourire, et ça, on se dit régulièrement que nous avons la chance de travailler dans une école ou tout le monde est égaux. Car nous sommes avant tout des être humains, après notre travail ne l'ai pas certes, mais pas dans le sens "mieux ou moins bien", mais ils sont tout simplement différents. Il n'y a pas à avoir, et d'autant plus dans une école qui montre l'exemple de la société, de domination de l'un ou de l'autre. Nous apportons chacun, des choses et des compétences totalement différentes. 

    Les premiers jours, bien sûr c'est différent, mais cool, on est tous au courant de nos missions et on ne débordera pas. On sait ce que nous devons faire. L'harmonisation vient au fur et à mesure avec de la communication mais aussi de l'observation, de la compréhension.... 

     

    Après il faut prendre en compte nos grosses journées, nous n'avons pas que l'assistance aux PE. Donc parfois il nous arrive de ne pas avoir le temps de faire ce que la PE demande à l'instant "T", mais bon on le fera, nous sommes des professionnelles, mais il faut être conciliante, c'est métier avec énormément de contraintes et de difficultés. Cependant c'est bien un métier, avec des formations, un diplôme et un concours, le travail d'antan est révolue, nous ne sommes plus des agents techniques mis à disposition.  

    Je ne veux pas vous donner des conseils ou faire la leçon, mais juste pensez, que nous sommes des êtres humains dotés de compétences, de sentiments, de réflexions.... Car dans le texte nous nous sentons infantilisés et rabaissés. 

    Je peux comprendre toutefois qu'il y est des ATSEM difficiles mais comme il y a des PE difficiles. C'est le lot de l'être humain, c'est pour cela que généraliser n'est pas possible. Chaque binôme est unique et c'est l'expérience, la communication (que vous soulignez justement) et le temps qui fera la différence.

    En espérant ne pas vous froissez.

    Bien à vous. 

    PS : les parents adorent notre complicité.

    4
    Jean
    Samedi 18 Août 2018 à 16:25
    Ce que je remarque que dans la bouche des ATSEM c'est souvent le mot binôme qui ressort. C'est tout en autre honneur les filles.
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