Avec le nouveau programme de l'école maternelle, on parle d'évaluation positive. Dans le paragraphe 1.4. du programme, chaque mot a son importance et décrit le professionnalisme de l'enseignant. Il explique ce que l'enseignant doit faire pour rendre compte des progrès de chaque enfant, sans les normaliser.

L'évaluation doit être considérée comme un message, une communication et non pas comme une mesure. Elle doit mettre en valeur les progrès de l'enfant, en partant du postulat que "tous les enfants sont capables d'apprendre et de progresser".

L'évaluation est essentiellement basée sur l'observation : l'enseignant devient un guetteur de progrès. Il a le devoir de témoigner des réussites et des progrès de l'enfant à lui-même et à sa famille. 

Les obligations institutionnelles :

Les progrès de chaque élève sont consignés dans son Carnet de Suivi des Apprentissages (CSA).  C'est par le CSA que l'on communiquera avec les parents. Il ne montrera que du positif, au rythme de chaque enfant. Chaque école a ce document, élaboré soit par l'équipe de circonscription, soit par l'équipe de l'école. A la fin de la GS, l'enseignant renseignera la Synthèse des Acquis Scolaires (SAS ), document national d'une page (cf arrêté du 31 décembre 2015), à partir du CSA. Souvent, le CSA n'est transmis aux parents qu'en fin d'année pour les Petites Sections (on se laisse du temps), 2 fois par an pour les MS et les GS. Le CSA va refléter tout le parcours de l'enfant au long de ses 3 ou 4 années d'école. Il s'enrichit d'année en année et est le témoin des progrès de chaque enfant.

Comment évaluer :

L'évaluation passe par le regard de l'enseignant et non plus par des fiches proposées aux élèves à un instant t. Elle repose sur une observation attentive qui met en valeur les progrès que l'enfant fait par rapport à lui-même.  Observer, c'est offrir à l'enfant le regard d'adulte dont il a besoin pour grandir. C'est aussi l'aider à construire son estime de soi en lui montrant ses progrès.

On ne peut pas tout observer. Il va donc falloir se fixer des étapes à observer : le 1er dessin avec une intention, la 1ère prise de parole... Pour cela, il faut connaître les étapes de développement de l'enfant et les différents paliers. Pour s'aider, il existe des référentiels de marqueurs de progrès comme celui proposé par l'académie de Paris :

https://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-11/outil_daide_a_lelaboration_en_equipe_du_carnet_de_suivi_des_apprentissages.pdf

Comment s'organiser :

L'observation peut être fortuite ou organisée.

Fortuite :

- en s'approchant d'un coin jeu, on entend un enfant parler alors qu'on ne l'avait jamais entendu jusqu'à présent. 

--> dans ma classe, j'ai toujours avec moi un bloc sténo sur lequel je note ces observations qui "m'étonne". A la fin de chaque 1/2 journée de classe, je reporte dans un classeur, sur une fiche individuelle au nom de l'élève, mes observations.

- à l'accueil, installée à la table de dessin, j'observe les dessins des enfants et note avec eux leur remarques. Un enfant dessine quelque chose de nouveau ou réinvestit des signes graphiques. Je garde sa production, la date et la glisse dans une pochette à son nom. C'est le début des traces gardées significatives ou remarquables qui pourront figurer dans son CSA.

Organisée :

- A l'accueil, je joue à un jeu de société avec les élèves (la situation est répétée sur plusieurs matinées, pour que tous aient le temps de jouer et de rejouer). On utilise un dé avec des constellations et je veux observer qui connaît les constellations de 1 à 3 (MS, début d'année). J'ai une fiche de pointage (grille avec le nom de tous les élèves) qui va me permettre de noter qui joue et les compétences de chacun (reconnaît le 1, le 2, pas le 3)...

- sur les activités en atelier, idem avec la fiche de pointage où j'utilise un système à 3 degrés. Par exemple, A pour Acquis, EA pour En cours d'Acquisition, NA pour non Acquis. Pour reconnaître son prénom en capitales, j'écris A (plus besoin de travailler cette compétence avec ces enfants), ou EA (ont besoin de l'adulte, pas stabilisé...). Ce sont des enfants à suivre et à stimuler. Enfin, NA pour les enfants pas encore prêts ou à soutenir franchement. J'ai toujours un stylo 4 couleurs et je marque le NA en rouge. Comme ça, je peux tout de suite préparer les groupes de remédiation-entraînement...

L'évaluation va alors servir d'outil de régulation pour l'enseignant : si on repère que 5-6 élèves ne connaissent pas les constellations, on va pouvoir mettre en place un atelier de remédiation pour faire progresser. Ce peut-être la même situation, mais avec des élèves que l'on aura choisi. Il faut donner plus de temps aux élèves qui en ont besoin.

BLOC-NOTES, FICHE INDIVIDUELLE D'OBSERVATION, POCHETTE ELEVE AVEC TRACES REMARQUABLES, GRILLE DE POINTAGE --> aideront à renseigner le CSA.

La réussite n'est pas la même pour tous, surtout pas au même moment. L'évaluation va aussi permettre de construire un parcours à partir des manques ("l'enseignant tient compte des différences d'âge et de maturité au sein d'une même classe" pg p.2).

Pour en savoir plus, on peut se référer à la démarche VIP de Mireille Brigaudiot :

V = VALORISER : l’enseignant s’adresse ainsi à l’enfant au regard de ce qu’il a réalisé : « Ton dessin de coq est magnifique et tu as écrit ! ».

I = INTERPRETER : « Alors je crois que je sais comment tu as fait, tu t’es dit que pour écrire, il fallait ….».

P = POSER LES ÉCARTS : « Je vais te montrer comment je l’écris, moi»